La farce de Maître Pathelin de Anonyme

 

Titre : La farce de Maitre Pathelin
Auteur : Anonyme
Edition et Parution : Larousse (Les petits classiques), 2002
Nombre de pages : 192

Quatrième de couverture : Sur le thème du trompeur trompé, l’auteur de la farce propose une série d’éblouissantes variations avec des personnages hauts en couleur : l’avocat Pathelin, sa femme Guillemette, un marchand, un juge et un berger. Tout ce petit monde se dispute à  propos de drap manquant ou de mouton volé. La pièce se déroule dans ce XVe siècle où l’argent fausse les rapports sociaux, où la parole appartient au plus fort et où, finalement, la morale reste celle du plaisir et du divertissement.

 

Extrait choisi :

J’ai choisi un passage des pages 99 à 106

“PATHELIN — Guillemette! Un peu d’eau rose! Redressez-moi. Relevez les coussins derrière moi! Fichtre! A qui est-ce que je parle? Le pot à  eau! A boire! Frottez-moi la plante des pieds!
LE DRAPIER — Je l’entends là .
GUILLEMETTE — Bien sûr!
PATHELIN — Ah! méchante! viens ici! T’avais-je dit d’ouvrir ces fenêtres? Viens me couvrir! Chasse ces gens noirs! Marmara! Carimari! Carimara! Emmenez-les moi! Emmenez!
GUILLEMETTE — Qu’est-ce? Comme vous vous démenez! Avez-vous perdu le sens?
PATHELIN — Tu ne vois pas ce que je sens. Voilà  un moine noir qui vole. Attrape-le! Passe-lui une étole! Au chat, au chat!
GUILLEMETTE — Eh! Qu’est ceci? N’avez-vous pas honte? Eh! Par Dieu! C’est trop remuer!
PATHELIN — Ces médecins m’ont tué avec ces drogues qu’ils m’ont fait boire. Et toutefois il faut les croire! Ils nous manient comme de la cire!
GUILLEMETTE — Hélas! Venez le voir, cher monsieur, il est au plus mal.
LE DRAPIER — Vraiment, il est malade, depuis l’instant où il est revenu de la foire?
GUILLEMETTE — De la foire?
LE DRAPIER — Par saint Jean, oui! Je crois qu’il y est allé. Du drap que je vous ai donné à  crédit il me faut l’argent, maître Pierre!
PATHELIN — Ah! maître Jean, plus dures que pierre j’ai chié deux petites crottes noires, rondes comme pelotes. Prendrai-je encore un clystère?
LE DRAPIER — Qu’en sais-je? Qu’ai-je à  voir à  cela? Il me faut neuf francs ou six écus.
PATHELIN — Ces trois morceaux noirs et pointus les nommez-vous pilules? Ils m’ont abîmé les màchoires! Pour Dieu, ne m’en faites plus prendre! Maître Jean, ils m’ont fait tout rendre. Ah! Il n’est rien de plus amer.
LE DRAPIER — Mais non! Par l’àme de mon père, mes neuf francs ne m’ont point été rendus!
GUILLEMETTE — Par le col puisse-t-on prendre de tels gens si ennuyeux! Allez-vous-en, par tous les diables, puisque au nom de Dieu vous ne voulez rien savoir!
LE DRAPIER — Par le Dieu qui me fit naître, j’aurai mon drap avant de partir, ou mes neuf francs!
PATHELIN — Et mon urine, ne vous dit-elle point que je meurs? Au nom de Dieu, quelque longue qui soit l’épreuve, que je ne passe point le pas!
GUILLEMETTE — Allez-vous-en! Et n’est-ce pas mal de lui casser la tête?
LE DRAPIER — Notre Seigneur Dieu en soit fàché! Six aunes de drap, sur l’heure! Pensez-vous normal, en conscience, que j’en soit frustré?
PATHELIN — Si vous pouviez amollir ma merde, maître Jean? Elle est si dure que c’est intolérable quand elle sort du fondement.
LE DRAPIER — Il me faut neuf francs, tout rond, car, par saint Pierre de Rome!
GUILLEMETTE — Hélas! Comme vous le torturez! Comment pouvez-vous être si dur? Vous voyez bien qu’il croit que vous êtes médecin. Hélas! Le pauvre chrétien est en grande malchance: onze semaines, sans relàche, qu’il est là , le pauvre homme!
LE DRAPIER — Palsambleu, je ne sais comment cet accident lui est advenu, car j’ai eu sa visite aujourd’hui et nous avons marchandé ensemble. C’est du moins ce qu’il me semble. Ou je ne sais ce que peut être.”

 

 

Résumé :

Ce résumé à été rédigé par mes soins, veuillez ne pas utiliser ce texte sans ma permission, merci.

Maître Pathelin (avocat) a une conversation très animée avec sa femme Guillemette : leur réputation est en baisse ; ils meurent de faim, n’ont plus de quoi se vêtir par manque d’argent. Pathelin a pourtant fort envie d’une nouvelle robe, et Guillemette encore plus. Comment faire ?

C’est jour de marché, Pathelin se rend chez le drapier : il le flatte afin de le mettre en confiance, détourne la conversation sur les draps exposés, … L’affaire est conclue, … Il repart avec six aunes de draps (à un prix exagéré) ; le drapier viendra récupérer son crédit. L’un et l’autre sont très contents, chacun persuadé d’avoir roulé l’autre.

De retour chez lui, Pathelin montre le drap à Guillemette. Elle est très inquiète car ils ne sauraient pas payer… Pathelin lui raconte alors la ruse qu’il a utilisée pour faire céder le drapier. « Maitre corbeau sur un arbre perché… » Lui rétorque Guillemette. Pathelin lui explique alors la nouvelle ruse qu’ils vont utiliser pour ne pas payer le drapier : Il fera semblant d’être malade. Guillemette le confirme donc au drapier quand il arrive : « ça fait onze semaines qu’il n’a pas quitté la chambre, Il faut parler moins fort de peur de déranger le mourant »
Le drapier Guillaume ne la croit pas : il réclame haut et fort son argent !

Il va trouver Pathelin dans sa chambre et lui réclame son dû… Pathelin arrive à le convaincre, que vu son état il n’a pu quitter la chambre, et que de ce fait le drapier est la malheureuse victime d’un arnaqueur. Le drapier comprend alors qu’il s’est fait rouler et s’en va, fort de pouvoir confondre les escrocs… Il fait aussitôt demi-tour et fonce dans la chambre. Nos compères l’ont entendu : Pathelin est incohérent, il délire en divers langages,…

Cette fois Guillaume rentre chez lui ; il a d’autres problèmes à régler : un des ses bergers lui vole régulièrement des moutons et il l’a assigné en justice. Le berger essaye de fléchir le drapier, mais rien n’y fait : Guillaume s’est déjà fait avoir auparavant et il réclame justice. Thibaut Agnelet (le berger) va donc chercher secours auprès d’un plus malin que lui : Maitre Pathelin.

Il raconte toute l’affaire à son avocat… Il y a flagrant délit, le berger ne peut nier. Nos deux lascars s’entendent, si Thibaut est libéré il payera Pathelin avec de beaux écus d’or. La comédie est mise au point : quoi qu’on lui demande, le berger bêlera ; il passera ainsi pour un simple d’esprit et ne pourra plus être jugé

Drapier et avocat se retrouvent face à face au tribunal. Maitre Guillaume mélange ses deux affaires, il se rend ridicule, à tel point que le juge le déboute : comment oser exploiter et accuser un simple d’esprit qui ne sait que répondre « bêe » à chaque question posée. Pathelin est content : il a gagné et veut toucher ses gages. Notre berger a bien appris sa leçon : il ne cesse de bêler en se moquant de son avocat.
Celui-ci s’énerve, lui demande s’il a bien plaidé, s’il n’en tirera pas d’autres mots. « Bêe » sont les seules réponses. Maitre Pathelin a trouvé un plus malin que lui. Enragé, il menace le berger de le faire emprisonner. « S’il me trouve, je lui pardonne » répond enfin Agnelet en s’enfuyant.


Mon avis :

Dans l’ensemble, ce livre a été une bonne surprise pour moi. Maitre Pathelin m’a procuré un très bon moment de détente et je me suis vraiment amusée tout au long de ces pages. Le fait que cet ouvrage est anonyme ne change en rien à sa valeur. Cette pièce n’à pas l’air d’avoir vieilli : elle faisait rire autrefois et elle fait toujours rire aujourd’hui.

Dès le début, on a envie de savoir la suite des aventures de Maitre Pathelin et on se demande ou vont nous mener sa malhonnêteté. J’ai été assez contente qu’il se soit fait prendre à son propre jeu ! Eh oui ! Tel est pris qui croyait prendre ! Je n’ai éprouvé aucune difficulté à la lecture : le style est concis, enjoué, hilarant et très rythmé.

Je regrette quand même de ne pas connaitre le nom de l’auteur, car j’aurais aimé associer dans ma mémoire le texte avec un nom dans mon tiroir des beaux souvenirs !

Note : 8/10 (Bravo ! Une lecture indispensable)

8 - Bravo ! Lecture indispensable

 

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